Le Ghana est une terre d’histoire où se croisent les traces de la colonisation et de la traite négrière. Ses côtes abritent plusieurs forts et châteaux, construits par différentes puissances européennes (Portugais, Néerlandais, Britanniques, Danois, Suédois) ayant tour à tour contrôlé le commerce des esclaves. Aujourd’hui, ces vestiges constituent un patrimoine mémoriel incontournable pour les voyageurs afro-descendants cherchant à renouer avec leurs racines. Plus qu’un simple parcours historique, ce voyage s’inscrit dans une démarche de reconnexion identitaire et culturelle, complétée par d’autres destinations africaines comme le Bénin, le Togo et le Sénégal.
Les châteaux du Ghana : témoins du commerce triangulaire
Le Ghana compte une vingtaine de châteaux et forts, érigés entre les XVème et XVIIIème siècles, dont certains sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces structures imposantes servaient à la fois de comptoirs commerciaux, de fortifications militaires et de prisons pour les esclaves en partance vers les Amériques. Les villes où se situent ces châteaux, comme Cape Coast, Elmina et Accra, ont conservé une atmosphère chargée d’histoire. Leurs rues animées, leurs marchés et leurs musées offrent une perspective complémentaire à la visite des monuments.
Le château d’Elmina : Le premier fort Européen en Afrique
Construit en 1482 par les Portugais, le château d’Elmina est le plus ancien édifice colonial d’Afrique subsaharienne. Il fut initialement un comptoir commercial avant de devenir un centre clé du commerce des esclaves. Passé sous domination hollandaise en 1637, puis britannique en 1872, ce château représente la brutalité du système esclavagiste. Les cellules étroites, les cachots des esclaves et les somptueux quartiers des marchands européens rappellent les contrastes cruels de cette époque. Aujourd’hui, la ville d’Elmina est un point central du tourisme mémoriel, où l’on peut également découvrir des marchés animés, des vestiges coloniaux et une population fière de son héritage historique.
Le château de Cape Coast : Une prison avant l’exil

Situé dans la ville éponyme, le château de Cape Coast fut d’abord un comptoir suédois en 1653, avant de passer sous contrôle britannique. Ce château est l’un des plus visités du pays, en raison de son importance historique dans la traite négrière. Les visiteurs peuvent explorer les sombres cachots, où des centaines de captifs étaient enfermés pendant des semaines avant d’être embarqués de force. La tristement célèbre « Porte du Non-Retour » symbolise le dernier pas sur le sol africain avant l’exil. Cape Coast, en plus de son château, est une ville vibrante avec des marchés locaux et des plages, offrant une immersion culturelle complète.
Osu Castle : Du fort esclavagiste au palais présidentiel
Construit par les Danois en 1661, le château d’Osu, aussi appelé Fort Christiansborg, a connu plusieurs transformations. Il a servi de fort esclavagiste, de résidence coloniale, puis de siège du gouvernement ghanéen après l’indépendance. Ce site incarne le lien entre la traite négrière et les dynamiques politiques du pays. Il symbolise un chapitre clé de l’histoire du Ghana et de l’influence des colonisateurs européens. Accra, où se situe Osu Castle, est une ville moderne qui contraste avec son histoire coloniale.
Fort Prinzenstein : Un témoignage danois méconnu
Construit par les Danois en 1784, le fort Prinzenstein situé à Keta rappelle le rôle du Danemark dans la traite négrière. Aujourd’hui, il est partiellement en ruines, mais ses murailles érodées par le temps témoignent du passage des captifs et de la résistance locale face aux puissances coloniales. Keta, avec son ambiance côtière et ses vestiges coloniaux, est un arrêt méconnu, mais puissant pour ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension de l’histoire.
D’autres forts méritent l’attention des voyageurs, comme Fort Apollonia, Fort Metal Cross et Fort Good Hope, chacun portant les stigmates d’un passé colonial pluriel.
Le musée national du Ghana : Un voyage dans l’histoire
Outre les châteaux et forts, le musée national d’Accra retrace toute l’histoire du Ghana et du continent africain. Situé à Accra, ce musée rassemble des objets historiques, des documents et des témoignages liés à la traite négrière et aux résistances africaines. Il met également en lumière l’histoire des afro-descendants revenus s’installer au Ghana après l’abolition de l’esclavage. Ce musée constitue une étape essentielle pour saisir les dynamiques culturelles et politiques liées à la mémoire de l’esclavage.
Le retour des Afro-descendants : une reconnexion à l’histoire

Le Ghana s’inscrit dans un parcours plus large de la route des esclaves, qui inclut également le Bénin, le Togo et le Sénégal. Au Bénin, Ouidah abrite la Porte du Non-Retour et le Musée de la Fondation Zinsou, mettant en lumière l’histoire des royaumes du Dahomey et leur rôle dans la traite négrière. Au Togo, la ville d’Aného fut un point central du commerce des esclaves, avec des vestiges de comptoirs coloniaux et de maisons d’esclaves. Au Sénégal, l’île de Gorée reste l’un des symboles les plus marquants de la traite négrière, avec sa célèbre Maison des Esclaves et ses cellules exiguës.
Par ailleurs, depuis plusieurs décennies, le Ghana joue un rôle clé dans la reconnexion des Afro-descendants à leurs racines. En 2019, le pays a lancé l’initiative « Year of Return« , incitant la diaspora africaine à revenir sur la terre de leurs ancêtres. Ce programme inclut la facilitation de la naturalisation pour les descendants d’esclaves, faisant du Ghana une destination phare du tourisme mémoriel. Fin novembre 2024, plus de 500 Afro-descendants ont obtenu la nationalité ghanéenne lors d’une cérémonie en présence de l’ancien président Nana Akufo-Addo. Cette initiative symbolique a été un premier pas vers une réconciliation entre le passé et le présent.
Cependant, pour obtenir la nationalité ghanéenne, les Afro-descendants doivent remplir certains critères :
- Prouver une ascendance africaine : Les demandeurs doivent fournir des documents généalogiques ou des tests ADN confirmant leur origine ouest-africaine.
- Résider au Ghana pendant une période déterminée : Selon la loi ghanéenne, la naturalisation standard exige cinq ans de résidence légale. Toutefois, des exemptions sont accordées aux Afro-descendants dans le cadre des programmes de réintégration.
- S’immerger dans la culture et la société ghanéenne : L’apprentissage de l’histoire du Ghana, des langues locales (comme le twi, le fanti ou l’éwé) et l’implication dans la vie communautaire sont des éléments déterminants.
- Contribuer au développement du pays : Les autorités ghanéennes encouragent les candidats à investir, entreprendre ou s’impliquer dans des initiatives sociales favorisant le développement économique et culturel du pays.
<h2>Comment se rendre au Ghana depuis les pays voisins ?</h2>
Le Ghana est facilement accessible depuis le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire, que ce soit par la route, par avion ou par voie maritime. Vous pouvez aussi prendre une voiture avec chauffeur pour rallier le Ghana depuis ces pays.
- Depuis le Bénin
La route principale reliant Cotonou à Accra passe par Lomé et Aflao, principal poste-frontière avec le Ghana. Des bus de plusieurs compagnies comme STC et ABC Transport assurent des liaisons régulières.
- Depuis le Togo
Le passage se fait via la frontière d’Aflao, située à seulement quelques kilomètres de Lomé. Des taxis et minibus permettent de rejoindre Accra en environ trois heures.
- Depuis la Côte d’Ivoire
La route Abidjan-Accra traverse la frontière à Elubo et permet de rallier la capitale ghanéenne en six à huit heures. Des vols réguliers relient également Abidjan et Accra en moins d’une heure.
Route des esclaves : un itinéraire historique de la mémoire
La Route des esclaves en Afrique de l’Ouest suit le trajet emprunté par des millions de captifs avant leur déportation vers les Amériques. Cet itinéraire traverse plusieurs pays, offrant aux visiteurs un parcours immersif sur l’histoire de la traite transatlantique.
L’itinéraire débute à Lagos (Nigéria) où des marchés d’esclaves existaient, avant d’atteindre Ouidah, l’un des plus grands ports de départ. Le Mémorial de la Porte du Non-Retour rappelle ce passé tragique.
L’étape suivante conduit au Togo, où la ville d’Agbodrafo abrite la Maison des Esclaves, un ancien entrepôt où les captifs étaient enfermés avant leur transfert vers les côtes. La route se poursuit au Ghana, où se dressent les imposants châteaux de Cape Coast et Elmina. L’itinéraire se termine à Accra, avec le W.E.B. DuBois Center, symbolisant la reconnexion des Afro-descendants à leurs racines africaines.
En résumé, un voyage mémoriel au Ghana est bien plus qu’une visite historique : c’est une expérience de reconnexion avec l’Afrique et son héritage. Les châteaux et musées offrent un témoignage poignant du passé esclavagiste, tandis que les initiatives du gouvernement ghanéen favorisent le retour et l’intégration des Afro-descendants. Combiné avec d’autres sites mémoriels d’Afrique de l’Ouest, ce parcours permet de mieux comprendre l’histoire transatlantique et d’honorer la mémoire des ancêtres déportés.